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introduction ·
I ·
II ·
III · IV ·
V ·
VI ·
VII ·
VIII ·
IX ·
X ·
XI ·
XII ·
conclusion ·
bibliographie ·

I - CAVALERIE LOURDE, CAVALERIE
LEGERE
1. La gendarmerie héritière
de la chevalerie
2. La mise en place de la cavalerie
légère
II - L'AFFIRMATION DU POUVOIR
ROYAL
1. La prise en main de la cavalerie
2. Le dressage d'une hiérarchie
(notes)

CHAPITRE III - L'UNITE DU COMMANDEMENT
Henri II, dans les guerres qui l'opposèrent
à Charles Quint, avait en vain demandé à rencontrer
son rival en combat singulier. I1 voulait faire revivre une figure
d'homme de guerre désormais révolue, celle du chevalier.
Dés le XVIe siècle s'opére une réorganisation
de la cavalerie sur des bases qui se maintiendront jusqu'à
l'Empire. Réorganisation lente dans laquelle la noblesse
cherche à maintenir ses privilèges face à un
pouvoir royal soucieux d'établir son autorité.
Un retour en arrière est donc indispensable
pour comprendre ce qui se passe au XVIIe siècle.Ceci nous
amènera à voir comment, avant cette période
la cavalerie "lourde", héritière des valeurs chevaleresques
a cédé le pas à une cavalerie "légère"
mieux disciplinée et plus maniable.
Nous exposerons ensuite l'effort de reconstitution
par le pouvoir royal au XVIIe siècle d'une hiérarchie
dans cet ensemble particulier qu'est l'arme à cheval, afin
d'y établir l'unité du commandement.
I - CAVALERIE
LOURDE, CAVALERIE LEGERE
Après un rappel succinct des transformations
de la chevalerie au XIVe et XVe, nous présenterons l'effort
d'organisation de la cavalerie dans l'ensemble militaire du XVIe
siècle.
1. La gendarmerie
héritière de la chevalerie
Au milieu du XIVe siècle,
au début de la guerre de Cent ans, la grande majorité
des combattants se répartit en deux sortes : "les gens d'armes"
et "les gens de pied". Ces derniers constituent au moins la moitié
des effectifs. Par exemple, à la fin du XVe siècle,
la répartition est la suivante (1):
- cavalerie : 38%
- troupes de garnison : 13%
- artillerie et génie : 5%
- infanterie : 44%
A la fin du XIVe siècle,
Charles VI ne jugeait pas nécessaire, une fois le danger
des Anglais éloigné, de disposer en permanence d'une
force d'intervention. Il estimait que les garnisons de frontières
et le réseau des fortifications suffisaient à la protection
du royaume en attendant que se réunissent les nobles et les
contingents de villes. En revanche, au milieu du XVe, l'idée
s'était imposée que les guerriers d'occasion, levés
pour une campagne en fonction de leur vassalité, avaient
une valeur militaire réduite et qu'il fallait donc entretenir
quelques corps de cavalerie d'élite ayant l'habitude de la
guerre. Vers 1450, il était de plus en plus facile de trouver
des nobles acceptant la condition militaire (2).
Vers la fin de la guerre de Cent ans, la cavalerie
s'enrichit d'éléments issus de la noblesse la plus
démunie. Souvent, d'ailleurs, cette noblesse est composée
de jeunes n'ayant pas encore hérité du fief de leur
père. Même un chevalier bien fieffé avait souvent
de grandes difficultés à "soutenir son état"
et le service du roi pouvait lui fournir un apport financier non
négligeable.
Parmi les roturiers, ni les
gens de loi, ni les gens de finance, ni les marchands ne pratiquaient
le métier des armes. Si leurs fils avaient l'ambition de
rentrer dans la noblesse, la possession d'une propriété
était une condition nécessaire mais non suffisante.
Il leur était indispensable de mener un genre de vie noble,
c'est-à-dire, entre autre, de faire la guerre (3).
On ne saurait transporter au XVe notre distinction
entre civils et militaires. La nette différence entre ces
deux termes n'apparaît qu'à la fin du XVIIIe.
C'est du règne de Charles
VII (1422-1461) que date l'organisation régulière
de la cavalerie. Ce roi se résolut à conserver une
force capable d'en imposer constamment à ses ennemis. Il
créa en 1445, avec les vaillants gendarmes de son armée
quinze compagnies d'ordonnance de cent lances cha-cune; ce qui formait
un total de 9000 cavaliers. La "lance fournie" se composait de six
hommes : un gendarme (homme d'arme ou chevalier), un écuyer
(ou "varlet"), trois archers et un coutelier. Les archers étaient
montés: quand ils devaient faire un service à pied,
des pages tenaient leurs chevaux. Le coutelier était un servant
d'armes porteur d'une dague ou coutelas: il conduisait le cheval
de bagage de la "lance fournie". Cette nouvelle cavalerie était
astreinte à des exercices réguliers et constants qui
furent le point de départ d'une véritable instruction
militaire (4).
Dès
les premières campagnes d'Italie du XVe siècle, les
archers s'étaient séparés des hommes d'armes
et avaient formé des compagnies particulières qui
furent bientôt désignées collectivement par le nom
nouveau de "cavalerie légère". Elles commencèrent
à combattre à part sous leurs guidons et leurs cornettes
propres (5). C'était une
imitation de la constitution des troupes à cheval vénitiennes,
partagées en "cavallarmati" et "cavallegiere". Cette modification
dans l'organisation des troupes à cheval eut pour résultat
d'établir peu à peu une ligne de démarcation
nette entre les compagnies d'hommes d'armes, ou de gens d'armes,
qui continuaient les traditions de la cavalerie noble (et resteraient
en réserve sous le nom de gendarmerie) et la cavalerie légère.
Celle-ci ouvrit largement ses rangs aux aventuriers de toutes classes
et par conséquent à la roture. Toutefois, pour sauver
les apparences, ces chevaliers d'aventure étaient la plupart
du temps anoblis (6).
Sous François ler, on voit apparaitre les premières
règles d'organisation sur l'instruction et l'emploi de la
cavalerie. C'est aussi sous ce roi que l'on voit apparaitre les
premières traces d'uniforme. Chaque compagnie de gendarmes
avait un hoqueton (veste de grosse toile) reproduisant la livrée
et souvent même la devise du capitaine.
L'artillerie fait son apparition. La tactique est
alors changée de fond en comble à cause de l'utilisation
de la poudre sur le champ de bataille.
La gendarmerie française n'avait point sa pareille
à cette époque. Le point d'honneur y était
poussé à l'extrême. La flétrissure marquait
le gendarme qui, dans le combat ne rompait pas sa lance. Bien mieux,
il y avait peine de mort pour celui qui avait fui ou s'était
rendu ayant le bras droit encore entier ou son cheval vivant. Tout
homme de guerre savait "qu'il ne doit jamais se rendre que son cheval
ne soit mort...".
2. La mise
en place de la cavalerie légère
A Pavie, 1525, les brillants coups de lance et
la valeur individuelle des preux et lourds chevaliers passent au
second plan dans l'ordre de la bataille. L'Infanterie va reprendre
la première place. Les chevaliers dont les cuirasses ne sont
plus une bonne protection et dont la lourdeur entrave la mobilité,
vont céder la place aux cavaliers légers.
Cette cavalerie légére
était considérée comme accessoire par la chevalerie.
Elle se composait de "gens rapassés","varlets" ou autres,
à la suite des seigneurs, auxquels on donnait des chefs pour
une campagne. Cette cavalerie qui était peu estimée
au temps où la gendarmerie était la seule arme noble, ne
formait pas un corps. Elle servait à deux usages, à
achever la déroute de la gendarmerie ennemie (plusieurs cavaliers
entouraient alors un gendarme, cherchaient à le renverser
et le tuaient) et à poursuivre l'infanterie de l'adversaire,
car la gendarmerie était trop lourde pour fournir de longues
courses; on s'en servait aussi pour aller à la découverte
(battre l'estrade) et escorter des petits convois (7).
Pour Rocquancourt (1792-1871),
officier d'état-major et polytechnicien, "les batailles de
François ler et de Henri II sont encore à peu d'exceptions
prés, ces échauffourées où les chefs toujours
disposés à payer de leur personne, ne sont pas maîtres
des soldats, où souvent, un premier échec est suivi d'une
déroute tant les "masses" sont peu judicieusement distribuées,
tant "le frein de la discipline" est impuissant pour rallier les
troupes et les conduire une seconde fois à l'ennemi"
(8).
Au XVIe
siècle, à l'époque des guerres civiles, on
connaissait la valeur des ensembles de cavalerie. On avait réussi
plusieurs fois à grouper et à faire escadronner ensemble
un jour de bataille plusieurs compagnies de cavaleries françaises.
Aussitôt après il fallait tenir compte des exigences des
capitaines et de leurs rivalités, de leur méfiance
à l'égard de tout ce qui pouvait porter atteinte à
leur indépendance, et à leurs intérêts
(9). Henri II en respectant l'indépendance
des capitaines, plaçait le 20 décembre 1549, la cavalerie
légére sous l'autorité et la direction d'un
colonel général. Les gendarmes restaient sous le commandement
immédiat du roi, que le connêtable représentait
alors (10).
Le milieu du XVIe siècle
est un "virage" à partir duquel s'instaure progressivement
l'idée de commandement suprême de la cavalerie. La
charge de Mestre de Camp, c'est-a-dire de premier chef d'état-major
s'instaure à partir de 1552, et devient permanente à
partir du 6 septembre 1578 (11).
Au XVIe siècle, la cavalerie légère
ne "formait pas corps". Cette notion de corps est celle qui sera
au centre de toute la logique de l'organisation de la cavalerie
du XVIIe siècle à 1914.
Au XVIe siècle, pour
devenir officier dans la cavalerie, les jeunes gentilshommes devaient
à l'adolescence, passer successivement dans les arquebusiers,
les estradiots, les "chevaux légers" (12)
et enfin dans les hommes d'armes. Ils restaient trois ans en moyenne
à chaque étape.
L'artillerie faisant des progrés, les arquebusiers
deviennent de véritables fantassins montés, cherchant
à combattre non plus par le choc comme la gendarmerie, mais
par le jeu des armes de plus en plus perfectionnées.
La cavalerie se forme en bandes de trois cents
chevaux qui comprennent cent hommes d'armes cent chevaux-légers,
cinquante estradiots, cinquante arquebusiers. Cette "bande" marche
dans l'ordre suivant :
- les avant-coureurs formés de quelques décuries
d'arquebu-siers et d'estradiots, soutenus par des décuries
de chevaux-légers, qui ont pour but "d'éclairer"
la route suivie.
- les bagages.
- le reste des arquebusiers et estradiots.
- le reste des chevaux-légers.
- les hommes d'armes.
Dans la bataille, la cavalerie est aux ailes encadrant
l'artillerie qui est en avant du "corps de bataille". La cavalerie,
en règle générale, se montre rebelle à
toute espèce de subordination et c'est en vain que François
ler et ses successeurs, jusqu'à Henri IV, avaient essayé
d'organiser des troupes à cheval régulières.
A l'occupation de Metz, par
Henri II, la cavalerie fut rassemblée à Joinville
pour cette mémorable expédition en mars 1552. Elle
comptait, d'aprés les mémoires du maréchal
de VieilleVille 6 000 hommes d'armes, 6 000 chevaux-légers,
6 000 arquebusiers à cheval, 6 000 pistoliers allemands et
8000 chevaux de l'arrière ban, soit en tout 32 000 cavaliers
(13).
Une revue générale datée du
10 juin 1563 nous permet de dénombrer à nouveau les
effectifs de la cavalerie et de constater son éparpillement
dans le royaume de Charles IX (13). 103 compagnies forment alors
4 210 lances. Le 7 avril 1564, on n'en dénombre plus que
91, et le 15 mars 1567, 69 compagnies, c'est-à-dire 2 300
lances. Si la cavalerie se réduit considérablement,
c'est en partie à cause de l'état d'esprit qui y règne.
Les traditions de la chevalerie et la hauteur avec laquelle la noblesse
se considère, empéchent la réorganisation qui
a déjà remodelé l'infanterie. Tous les historiens
parlent du retard "d'un siècle" de la cavalerie vis à
vis de l'infanterie. Ce retard montre avec quelle force d'inertie
un groupe social méme dominant peut alors résister
aux injonctions du pouvoir royal.
II - L'AFFIRMATION
DU POUVOIR ROYAL
Avant de procéder à l'organisation
d'une cavalerie royale, il fallait imposer un commandement unique
et l'imposer aux grands feudataires.
1. La prise
en main de la cavalerie
Le 27 février 1594 Henri
IV est couronné à Chartres. Dans la capitale, le parlement
se déclare nettement pour le souverain, manifestant son hostilité
aux Espagnols. Le 22 mars Brissac ouvre les portes aux troupes royales:
Paris était pris sans combat. En quelques mois, toutes les
villes du royaume suivirent cet exemple. Ouelques ligueurs se refusèrent
au ralliement et il fallut attendre l'absolution du Pape pour que
leurs derniers scrupules se dissipent (septembre 1595). Mayenne
et la Maison de Lorraine firent la paix avec le roi. Henri IV va
enfin commencer à gouverner le "corps de la France" (14)
qu'il a tant sillonnée à la tête de ses cavaliers.
Dès lors qu'un roi reconnu de tous était
sacré, les Espagnols apparurent comme des envahisseurs. Henri
IV mania sa cavalerie en véritable homme de guerre. Il tiendra
en respect la cavalerie espagnole à Fontaine Française le
3 juin 1596. C'est un combat dans toutes les directions que le roi
doit mener. Il lui fallait démultiplier ses interventions
et faire confiance à ses cavaliers. C'est pour cette raison
que la cavalerie lui doit les premières "articulations" des
compagnies de cavalerie en plusieurs pelotons. Ce procédé
lui permit de tripler, voire de quadrupler le nombre des chefs et
donc des initiatives. Par ailleurs, cela lui permit, dans cette
période confuse de diviser les autorités uniques des
compagnies.
La paix de Vervins fut signée le 2 mai 1598,
la France retrouvait ses frontières fixées par le
Traité de Cateau-Cambresis en 1559 par Henri II.
De 1600 à 1610, si Henri IV ne changea rien
à sa cavalerie: "On voit la gendarmerie fondre à vue
d'oeil en méme temps que l'esprit féodal tend à
disparaître dans le tourbillon des idées nouvelles
qui vont former l'esprit moderne.
Tout porte coup à la
chevalerie et profite à la cavalerie légère
et à l'infanterie. On lit Polybe et César: la guerre
redevient une science et l'importance devient moins la force, l'adresse
et la valeur individuelles que les " masses organisées, instruites
et obéissantes " (15).
Quelques faits montrent, parallèlement à
cette évolution générale de l'organisation
du corps de la cavalerie, l'effacement progressif ou violent de
la haute aristocratie.
Le duc de Biron (1562-1602) fut maréchal
de France en 1595, puis maréchal général des
camps et des armées de Henri IV (1597) duc et pair, et gouverneur
de la Bourgogne. I1 conspira avec Montmorency, connétable
en 1593, auquel Henri IV avait retiré le commandement des
armées. Le maréchal de Biron, ancien compagnon d'armes
du roi, sollicita l'appui du roi d'Espagne et du duc de Savoie.
Le roi le fait arrêter, juger et exécuter le 29 juillet
1602.
La compagnie du Maréchal de Biron, privée
de sa tête, fournit les éléments de la garde
du Dauphin.
L'absolutisme se renforce. La mise en uniforme
de la cavalerie permet d'afficher individuellement la puissance
royale. Celle-ci était l'arme indispensable au trône. Le
fils du roi héritait de la puissance retirée aux grands
dignitaires du royaume. La royauté se consolidait encore.
Alexandre de Pont Aimery, seigneur de Focherau,
est un écrivain dauphinois de la fin du XVIe siècle.
I1 connaissait Pluvinel et son Académie de Paris. Pour vanter
les services de son ami, il écrit un ouvrage en 1595 intitulé
"L'Académie ou Institution de la Noblesse Française où toutes
les vertus requises à un Seigneur de Marque sont décrites
avec une curieuse recherche des plus belles et riches matières
qui se puissent tirer des sciences divines et humaines". En sous-titre,
il dit "toutes choses sont communes aux Bestes avec nous, hors mis
la raison qui ne vit qu'avec ceux qui l'entretiennent et la cherchent
mesme l'ayant trouvée".
La conception de Pont Aimery est claire: une élite
commande et le reste n'étant que "Beste" ne doit qu'obéir.
Cette conception du commandement se représente la chose commandée
comme un grand corps que seul un corps spécial bien exercé
et bien articulé peut soumettre.
Après avoir décrit
les divers exercices pratiques du commandement des compagnies, il
dit : "J'ai fait voir le grand capitaine avec toutes ses parties,
et les qualités qui sont requises au mérite d'un si
beau et glorieux titre. Maintenant, je veux lui façonner un corps
de toutes les pièces de mon discours"(...) (16).
A l'instar du discours équestre le discours
du commandement affirme la nécessité de la théorie
pour qu'un corps plus petit et physiquement plus faible puisse s'imposer
à plus grand et plus fort que lui.
A l'aube du XVIIe siècle,
le discours qui est autorisé par le pouvoir royal devient
un discours instituant les corps, aussi bien le corps des capitaines
et des recrues (17) que le corps
nouveau qu''ils forment ensemble. Le corps du roi institue les corps.
Pendant tout le XVIIe siècle, l'Art équestre
est le discours du roi aux corps militaires: commander un cheval
c'est commander un corps. L'analogie avec la troupe est renforcée
par le fait que ceux qui obéissent sont perçus comme des
"bestes".
L'art militaire, c'est-à-dire l'art de batailler
et de gagner nécessite un contrôle parfait de l'objet commandé,
corrélativement, le chef doit se gouverner lui-même;
l'Art militaire est un gouvernement des autres par soi-même.
Les principes inculqués aux jeunes nobles reprennent souvent
cette idée. C'était le rôle des Académies d'assurer
cet enseignement, la plus célètre étant celle
de Pluvinel à Paris. Le marquis de Chillou suivait assidument
les leçons de "raison cavalière" du maître de l'Académie.
Ce marquis s'appelait aussi Armand du Plessis autrement
dit, c'était le futur cardinal de Richelieu.
Richelieu dompte la cavalerie. I1 intervient tant
au niveau de l'organisation d'ensemble que celui de la discipline
interne. Une série de transformations se succèdent:
alternativement les dénominations et les définitions
de l'unité de base du combat disparaissent et réapparaissent.
Faut-il y voir une volonté délibérée
? En tout cas les références traditionnelles de l'unité
de cavalerie sont bien ébranlées. Richelieu savait
user des mains et des jambes afin de déstabiliser et ensuite
d'équilibrer, sa chose gouvernée.
D'après le règlement
de 1634, paru à St Germain, les troupes à cheval françaises
étaient formées en 91 escadres de cavalerie et 7 de
carabiniers (l'escadre est formée de 100 chevaux). (18)
Richelieu fait signer à Louis XIII une ordonnance qui regroupe
la cavalerie en cinquante régiments comprenant 2 escadrons
de deux compagnies. En 1636, changement : Louis XIII casse ses régiments
pour reformer des escadres. En 1638, Richelieu reprend les projets
anciens et réorganise 70 nouveaux régiments composés
uniformément de huit compagnies de cavalerie légére
et d'une compagnie de mousquetaires.
Un "règlement signé
par le roi à Compiègne, le 15 mai 1638 pour établir
"le bon ordre et la discipline" dans toute sa cavalerie, renfermait
les prescriptions suivantes: "chaque régiment marchera selon
l'ancienneté de son mestre de camp, depuis qu'il est capitaine,
excepté ceux de colonel général et du mestre
de camp général" (19).
Cette incertitude dans l'organisation
ébranle la confiance des cavaliers. De nombreux désordres
s'en suivent. Ce qui permet au pouvoir royal d'user de ses prérogatives.
Le 16 octobre 1638, le Conseil d'Etat rend un arrêt contre
les officiers du régiment de Chanceaux pour avoir commis
" des voleries et des pilleries ". Le 29 octobre 1638, le roi écrit
au marquis de Praslin, mestre du camp général "pour
lui défendre de venir à la cour et lui ordonner de
se retirer chez lui à la campagne à cause du mécontentement
de Sa Majesté du mauvais ordre qu'il a laissé introduire
dans la cavalerie de Champagne" (20).
Dans une ordonnance, le roi
"se voit forcé d'obliger les officiers et soldats à
porter leurs armes dans les marches, gardes, factions et occasions
de guerre, sous peine de mort" (21).
La haute noblesse réagit comme elle le peut,
à l'extorsion progressive de ses marques de puissance. L'indiscipline
est la règle générale dans ces régiments.
Louis XIII oblige ses soldats à se désarmer en temps
de paix. "Temps" qu'il n'est pas évident de faire sentir
à la noblesse. L'effort de centralisation passait par l'instauration
de la parole royale qui seule voulait déterminer le temps
de guerre et le temps de paix. La persistance des duels est une
illustration de la manière dont la noblesse regimbait, vis
à vis du Roi à propos de leur propre mort. François
de Montmorency-Bouteville (1600-1627) fut exécuté
pour s'être battu en duel Place Royale sous la statue du roi.
La cavalerie jusqu'au XVIIe siècle, avait
combattu par unité distincte sans recevoir d'un seul chef
une " impulsion " unique.
Dans les préparations de bataille, les capitaines
de compagnie avaient toutes les peines à coordonner quelque
peu leurs initiatives. Richelieu force les compagnies à se
réunir pour combattre, par troupe de trois ou quatre, voir
six rangs de profondeur. Le cardinal impose une articulation des
forces dans la bataille. Dans le combat, plusieurs compagnies se
situent aux ailes, prétes à prendre de flanc l'ennemi
qui se dispose à attaquer, au centre, l'infanterie.
Pour s'aider dans cette tâche, Richelieu
fit demander Jean de Gassion qui avait combattu en Saxe pour le
compte de Gustave Adolphe. Le roi de Suède, Gustave Adolphe,
avait redonné à la cavalerie sa puissance de choc
et de surprise en l'utilisant dans des charges à l'arme blanche,
au sabre. Par ailleurs, le grand apport du roi du Suède réside
dans la manière adroite avec laquelle il coordonne les différentes
armes entre elles. Richelieu s'en inspira pour mettre sur pied une
armée moderne de moins en moins tributaire des aléas
des multiples commandements.
En attachant à son service
le régiment de Gassion, le Cardinal a posé en 1635
le premier jalon d'une nouvelle constitution de la cavalerie française
qu'il assurera d'une manière définitive en 1638. Richelieu
s'était rendu compte que ce corps soumis à une discipline
indiscutée, était rompu aux marches et aux efforts
les plus rigoureux. Le coeur des cavaliers y battait à l'unisson
de celui des chefs et des officiers, tous respectés et obéis
(22). Le 19 mai 1643, Gassion
est à Rocroi et Condé l'utilise pour harceler l'infanterie
du duc d'Albuquerque par des actions menées sur les flancs
et les arrières de celle-ci.
La permanence de régiments de cavalerie
n'a réellement commencé qu'en 1671. Les premiers régiments
de cavalerie formés sous Louis XIII n'étant que des
agrégations temporaires pour la durée d'une guerre
et même d'une campagne. Plus tard quand la permanence fut
appliquée à tous les corps de l'armée. Les
charges de colonel général avaient perdu toute leur
importance et n'étaient plus que des charges de cour . Le
roi ne se souciait plus d'augmenter la puissance d'un colonel général
de la cavalerie légère en lui laissant le droit d'avoir
dans chaque régiment de cavalerie une compagnie entièrement
à sa dévotion.
2. Le dressage
d'une hiérarchie
Le double effort d'organisation général
et disciplinaire se poursuit sous Louis XIV. Le roi s'efforce de
créer une armée vraiment royale Les soldats ne prétent
serment qu'à lui, les officiers ne sont nommés que
par lui. La disparition du connétable et l'effacement progressif
des colonels généraux, le rôle grandissant du secrètariat
d'Etat à la guerre, la vigilance du roi dans l'octroi des
grades et des faveurs, modifient l'état d'esprit de l'armée.
Le 4 février 1672, Louis XIV déclare
la guerre à la Hollance, ce qui entraîne une guerre
générale. 66 escadrons comprenant pour la plupart
6 compagnies appelées dorénavant régiments,
marquent pour la cavalerie le début de la période
de permanence dont l'infanterie donnait l'exemple depuis plus de
cent ans.
Michel Le Tellier (1603-1685) après des
études juridiques devient conseiller au Grand Conseil (1624),
procureur du roi au Châtelet (1631), maître des requêtes
(1639), intendant à l'armée du Piémont (1640).
Mazarin l'appréciant le nomme secrètaire d'Etat à
la guerre en avril 1643. Son dévouement au Roi lui avait
valu le surnom "Le Fidèle". Il prépare la carrière
de son fils Louvois (1639-1691) qui lui est associé en 1662.
Père et fils travaillèrent sans relache à la
réorganisation et au perfectionnement de l'armée.
Par ailleurs, et c'est un exemple de leur clairvoyance
administrative, ils créent et rendent obligatoire l'enseignement
du droit français (1679). Pendant leur administration, l'armée
prend des proportions énormes. En 1667, l'effectif global
est de 72 000 hommes et en 1672 il est déjà de 120
000 hommes. En 1688, il atteint 290 000 pour étre d'environ
400 000 hommes en 1703. Avec cette administration, la noblesse change
détinitivement de statut militaire; elle fournit les cadres
et abandonne sa souveraineté. Toute une administration civile
composée de roturiers est créée et la noblesse
lui est subordonnée. L'aristocratie se cantonne à
conserver la vénalité des charges de colonel et de
capitaine.
Louvois renforce la discipline et sévit
contre les absents. En 1675 il fixe la hiérarchie des grades
et de l'ancienneté, par l'établissement d'un tableau
de "carrière": c'est "l'ordre du Tableau". Louvois crée
des grades non vénaux pour les officiers désargentés
qui s'insèrent entre ceux de colonel et de capitaine : major
et lieutenant-colonel . Au-dessus de colonel, il en crée
un pour la même raison, c'est le brigadier. Le sieur de Birac,
officier de cavalerie rédige en 1669, "Les Fonctions du Capitaine
de Cavalerie et les principales de ses officiers sublaternes". Ce
livre, plutôt un aide-mémoire, est plusieurs fois réédité
jusqu'en 1693.
Le sieur de Birac affirme que
"le Capitaine ne saurait jamais avoir une bonne compagnie ni faire
bien le service avec elle, s'il n'a pas des officiers subalternes
qui entendent bien le métier et le devoir de leurs charges.
Car ce sont les principaux membres desquels il se doit servir pour
faire agir à propos et remuer utilement ce corps dont il
doit étre le chef" (23).
Le principe de verticalité (la hiérarchie)
devient, dans les esprits, le seul moyen de faire fonctionner "ce
corps" uniforme et horizontal des exécutants. L'organisation
et le commandement réclament des délimitations d'ensemble
et la stratification claire des pouvoirs et prérogatives
à l'intérieur et à l'extérieur de ces
ensembles. La compagnie doit être un corps comme l'armée
tout entière doit l'être aussi. Pour diriger ces corps,
il faut y ériger un axe de commandement vertical, s'établissant
perpendiculairement à la base que l'on veut la plus uniforme
possible. D'ailleurs le port de l'uniforme expérimenté
et usité par la Maison du Roi, se généralise
sous Louvois à l'ensemble de la cavalerie.
Chaque régiment a ses couleurs propres,
les régiments dits "de cavalerie" (unités lourdes
qui seront plus tard cuirassées) et les dragons portant l'habit
à la française, veste de drap, culotte de peau de nuance
naturelle, manteau gris piqué de bleu. Chapeau pour la cavalerie
(sauf pour le Royal Allemand) et casque pour les dragons. Les poches
sont portées en travers de la veste chamois. Les régiments
sont divisés en huit classes ayant chacune une couleur différente
(lère et 2e écarlate, 3e jonquille, 4e cramoisi, 5e
aurore, 6e rose, 7e gris argentin, 8e bleu de ciel). Boutons jaunes
pour la première classe, blancs pour les autres, etc. L'uniformité
n'était pas dans les couleurs, puisqu'elles étaient
fixées pour chaque régiment. Ceux-ci pouvaient se
reconnaître et s'identifier les uns les autres. Dans la bataille,
l'identification des régiments, grâce à leurs
couleurs, était d'une très grande importance tactique.
Devant cette "perpendicularisation" du commandement
militaire, comment la noblesse réagissait-elle ? Et d'abord
pouvait-elle réagir ? En 1689 l'arrière ban fut convoqué.
Louvois avait besoin de plus en plus d'hommes et il lui fallait
les trouver en utilisant tous les ressorts politiques et "juridiques".
La convocation de 1689 donne des indications précises sur
l'état de la noblesse du royaume au point de vue militaire.
Les gouverneurs et les intendants furent bien embarrassés
pour réunir le nombre de gentilshommes fixé par l'ordonnance
de convocation. Plusieurs causes concourent à cette situation.
En général, la plupart des gentilshommes aisés,
en état de servir, sont à l'armée. Quant aux
autres demeurés dans les provinces, ce sont soit des officiers
retirés du service, qui ont des enfants officiers et que
cette circonstance exempte de l'arrière ban, soit de pauvres
gentilshommes souvent hors d'état de servir.
Par exemple, à Lyon, ceux qui " peuvent
marcher n'ont aucun cheval ". En Touraine, il y a beaucoup de gentilshommes
qui, faute de cheval, seront obligés d'aller à pied,
"tant est grande leur pauvreté". En Anjou, si les nobles
pauvres ne sont pas aidés, ils devront "aller à pied"
ou rester chez eux. De Guyenne, de Bretagne ou d'ailleurs, arrivent
les mêmes lamentations. Manquant de chevaux et humilié,
l'arrière ban n'inspire plus confiance à personne.
La noblesse est "pliée".
A la fin du XVIIe siècle,
le "perfectionnement" de la cavalerie n'emprunte pas encore l'équitation
comme moyen d'organisation. Les diverses académies du Roi
dispersées en province, forment le peu de gentilshommes se
préparant à la vie de guerrier. Les Académies
enseignaient une équitation individuelle et elles ne dispensaient
aucune préparation aux exercices militaires en groupe. "Pour
ce qui regarde plus particulièrement l'équitation
militaire nous devons dire qu'il n'y avait pas d'uniformité
adoptée ni pour les exercices d'équitation, ni pour
le service intérieur, ni pour les manoeuvres, en un mot,
pas encore de règlement d'exercices. Les capitaines de compagnies
faisaient l'instruction chacun à sa manière en s'inspirant,
bien entendu, des méthodes d'équitation en vogue.
Ils n'étaient tenus qu'à certaines lois très
larges, ordonnances et règlements" (24).
Comment se passait l'engagement physique? La cavalerie
chargeait rarement l'infanterie car la cavalerie légère,
portait des corselets insuffisamment protecteurs contre les piques
des fantassins qui de plus, avec leurs pistolets et escopettes tiraient
plus juste et plus loin.
La cavalerie de gendarmes ne daignait pas se battre
avec les "gens de pied". Dans les rencontres de cavalerie contre
cavalerie, les deux parties tiraillaient en courant en sens inverse.
Ou bien elles se chargeaient en haie, suivant la méthode
usitée par les chevaliers. Après avoir essayé
le pistolet, les deux cavaleries finissaient le combat, l'épée
à la main pour combattre corps à corps.
Dans ces conditions de combat on voit bien comment
il était difficile d'agir unitairement sans remettre en question
de longues habitudes. La question des chevaux était essentielle
pour la composition d'une cavalerie efficace dans le combat. Pour
que celle-ci devienne une arme rentable et infaillible dans les
mains du commandant en chef, il fallait des chevaux rapides et prompts
à se mettre en avant.
L'exemple de Villars montre la transformation de
cette arme à la fin du règne de Louis XIV.
Les gendarmes montaient des chevaux qui étaient
dressés à virevolter sur des espaces réduits.
Le duc de Villars (1643-1734) a cinquante ans pendant la guerre
de succession d'Espagne quand le roi lui confie le commandement
de l'armée chargée d'imposer, dans Vienne même,
la paix à l'Autriche. Il se bat sur le Rhin, où ses soldats
l'acclament maréchal de France. Le roi ratifie cette acclamation
le 18 octobre 1702.
Il était déjà Maréchal
de camp depuis 1690. Villars sera pendant les années les
plus critiques du règne de Louis XIV le dernier rempart contre
l'invasion. La bataille de Malpaquet (1709) contre Malborough montre
aussi que c'était le meilleur. Avec une armée en haillons
et sous nourrie il arriva à conserver un commandement sûr.
Ce qui prouve qu'il existait parfois de réels commandants
en chef capables de conserver l'unité des troupes dans des
combats difficiles. Il est le précurseur des règlements
et de la prise de conscience générale qui s'imposèrent
à la cavalerie à partir de 1750.
Le 31 octobre 1701, il avait
signé un "mémoire relatif à l'organisation
de la cavalerie" (25) qu'il adressait
au secrètaire d'Etat à la Guerre, M. de Chamillart
(1652-1721). Cet ancien contrôleur général des finances
(1699) passa à la Guerre en 1701. Son incapacité devint
si odieuse qu'il dut démissionner en 1709. La guerre de mouvement
que préconisait Villars et qui plaisait tant à ses
subordonnés lui faisait réclamer "de ne plus ordonner
aux capitaines d'avoir de grands chevaux" pour la raison principale
qu'ils étaient incapables de "fournir une course". Si Villars
réclama des chevaux plus petits pour gagner en vivacité,
il demande expressément que l'on ne dépareille plus
les compagnies, "les gens de cavalerie ne peuvent souffrir de tailles
inégales. J'avoue que, comme un attelage de carrosse bien
égal est plus beau à l'oeil, de même, une compagnie
également montée plaît davantage".
Villars a observé que dans les batailles,
les charges entre escadrons se font sur un modèle relativement
régulier "puisqu'il arriva presque toujours que l'un des
deux plie de quinze pas et, souvent, de plus loin, et pour l'ordinaire,
celui qui tire s'en va le premier". Villars conclut qu'il est nécessaire
et indispensable "de marcher à l'ennemi l'épée
à la main et sans tirer".
Les raisons sont expliquées pratiquement
par Villars: un cavalier qui prend le temps de viser son ennemi
ralentit et dispose son cheval à tourner et à fuir.
"Il n'y a de grand péril qu'en tournant le dos" (...) et
"c'est dans la fuite qu'on périt". Pour essuyer le premier
feu de l'ennemi, qui immanquablement s'enfuira en voyant les cavaliers
charger à l'épée, Villars réclame des
"cuirasses", des "plastrons" sur le devant de l'homme. Cet équipement
aurait aussi une autre fonction car elle obligera les cavaliers
à faire face sans possibilité de fuir étant
donné le manque de protection dans le dos. Malgré
cela, s'il fuit, cela serait dû à une faute de commandement
car la peur d'affronter des forces trop supérieures en nombre
deviendrait plus grande que celle de fuir donc de mourir.
Le chef devient le dépositaire de cette
science de dosage et de répartition des rapports de force
et de peur devant l'ennemi. Pour cela il fallut que le cavalier
et le cheval fussent un seul et même corps, à la disposition
d'un chef. Les grandes heures de gloire de la cavalerie à
ce moment sont dues à l'ascendant d'un homme plutôt qu'à
une bonne organisation. L'organisation existante de la cavalerie
était plutôt timorée et lorsque les grands moments
étaient passés cette organisation sombrait dans des
problèmes sans fin d'intendance.
En 1715, après la paix d'Utrecht que les
victoires de Villars avaient imposées, la cavalerie francaise
se composait de la Maison du Roi, de la gendarmerie (seize compagnies
au lieu de douze) de cinquante huit régiments de cavalerie
légère et de quinze de dragons.
L'unité fondamentale historique et administrative
de la cavalerie était toujours "la compagnie" commandée
par un capitaine propriétaire. Depuis longtemps pourtant
une autre unité, tactique celle-là, s'est imposée
sur tous les champs de bataille: c'est 1'escadron. Les reîtres
allemands semblent avoir été les premiers à
en faire l'usage lorsqu'ils furent au service de la France. Destinée
à remplacer l'ancien ordre de combat "en haie", c'est-à-dire
sur un rang. Cette unité malgré les variations qu'avaient
subies son effectif avait conservé une caractéristique
constante: un front d'environ cinquante chevaux. C'était
à peu près le chiffre considéré comme
le plus considérable qu'un seul chef puisse faire évoluer
à son commandement tout en gardant une relative cohésion
d'ensemble.
Par ailleurs, le capitaine-propriétaire
administre sa compagnie de cavaliers comme une ferme et ne cherche
qu'à en tirer profit. Ainsi, il réduit au maximum
les dépenses et il voit d'un très mauvais oeil ses
chevaux fournir un travail trop intensif. "Les régiments
où l'on monte à cheval deux fois par semaine en été
sont rares. Ceux dont les chevaux sortent une fois par semaine en
hiver sont l'exception (...) on ne prend jamais le galop en troupe,
la charge se faisant au pas ou au trot, l'épée à
la main. L'emploi du feu à cheval, sans être absolument
proscrit, est tout à fait tombé en défaveur"
(26).
Il fallut ces épreuves du "feu" pour faire
prendre conscience concrètement aux officiers de la nécessité
de respecter la hiérarchie et la discipline. L'officier qui
se savait appuyé à la cour, professait un profond
dédain pour celles-ci. Si, en 1762, la propriété
des compagnies fut enlevée à leurs capitaines, il
fallut attendre 1789 pour que la cour ne devienne plus, pour ces
nobles, le recours suprême pour dédaigner les contraintes
nouvelles de la cavalerie.
L'ordre perpendiculaire s'imposait difficilement.
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